Abeilles face au Varroa : la génétique à la rescousse

Depuis l’introduction du redoutable acarien Varroa destructor en 1987, les abeilles subissent de lourdes pertes. Ce parasite, qui s’attaque aux larves et affaiblit les colonies, est une menace majeure pour la survie des ruchers.
Face à cette crise, des chercheurs de l’INRAE ont mené une étude qui a pour question centrale : certaines d’entre elles seraient-elles naturellement résistantes au varroa ?
Une étude française ambitieuse
Financée par FranceAgriMer et Investissement d’Avenir, l’étude s’appuie sur un vaste jeu de données issu de l’analyse de 1500 colonies réparties sur le territoire français. Cela inclut plusieurs sous-espèces (Apis mellifera mellifera, ligustica, carnica) et des hybrides.
De nombreux gènes responsables de la résistance au Varroa
Résultat : les scientifiques ont découvert que la résistance est bien héritable, mais qu’elle repose sur de nombreux petits facteurs génétiques : un déterminisme polygénique.
Soixante régions du génome se sont révélées associées à des comportements de défense, comme l’inspection ou l’élimination de couvain infesté.
Parmi les pistes explorées : la voie hormonale de l’Ecdysone, ou encore des gènes liés à l’olfaction, cruciale pour repérer les parasites.
Vers une sélection génomique des abeilles
Ces résultats, publiés dans Molecular Ecology, offrent des perspectives concrètes pour la sélection d’abeilles plus résistantes, sans dépendre uniquement de traitements chimiques.
Cependant, la mise en place de programmes d’élevage génétique adaptés prendra du temps. Elle devra intégrer la diversité des populations et des mécanismes en jeu.
À terme, la sélection génomique pourrait renforcer durablement les cheptels apicoles, à condition de poursuivre les recherches pour identifier précisément les gènes responsables.
Cette avancée scientifique marque un tournant : l’avenir des abeilles pourrait bien se jouer dans les subtilités de leur ADN…